Les femmes défenseures des droits de l’homme africaines appellent les Etats à mieux les reconnaître et les protéger

18.04.2015

Les femmes défenseures des droits de l’homme en Afrique ont appelé leurs gouvernements à assurer que les femmes défenseures des droits de l’homme soient en mesure de travailler dans un environnement sûr et favorable, muni d’une reconnaissance et protection spécifiques, et que les questions de préjugés enracinés et de discrimination à leur encontre soient reconnues et adressées.

Read this article in English here.

(Banjul, Gambie) – Les femmes défenseures des droits de l’homme en Afrique ont appelé leurs gouvernements à assurer que les femmes défenseures des droits de l’homme soient en mesure de travailler dans un environnement sûr et favorable, muni d’une reconnaissance et protection spécifiques, et que les questions de préjugés enracinés et de discrimination à leur encontre soient reconnues et adressées.

Le Service International pour les Droits de l’Homme (ISHR) a organisé un panel de discussion se concentrant sur la situation des femmes défenseures des droits de l’homme en Afrique pendant le Forum des ONG précédant la 56ème session de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP).

'Les femmes défenseures des droits de l’homme en Afrique travaillent dans un contexte patriarcal et sont confrontées à des stéréotypes enracinés. En transgressant et en défiant ces normes, nous sommes sujettes à une gamme de violations extensives et systématiques', a dit Mme Fadzai Muparutsa de la Coalition des Lesbiennes Africaines pendant le panel.

Puisant dans les expériences récentes à la Commission du statut de la femme de l’ONU en Mars 2015, Mme Muparutsa a exprimé ses préoccupations concernant le rétrécissement de l’espace pour une véritable inclusion, engagement et expression des femmes défenseures des droits de l’homme, particulièrement celles travaillant sur les droits sexuels comprenant l’orientation sexuelle, l’identité et l’expression sexuelle, dans les espaces de prise de décision à la fois internationaux et régionaux.

'Les préjugés existent dans les mêmes structures qui ont été établies pour protéger les droits de l’homme. Cela doit changer', a dit Mme Muparutsa.

Mme Tilder Kumichii de Gender Empowerment and Development, a mis en lumière les menaces, l’intimidation et les attaques auxquelles elle a elle-même été confrontée dans le cadre de son travail dans la lutte contre la violence domestique et les violences contre les femmes au Cameroun. 'Les femmes défenseures sont menacées afin qu’elles abandonnent leur travail, souvent par leurs propres communautés et familles', souligna Mme Kumichii.

C’était dans ce contexte que la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples a mandaté en 2012 son Rapporteur Spécial sur les Défenseurs des Droits de l’Homme afin d’entamer une étude pour examiner la situation des femmes défenseures des droits de l’homme sur le continent. L’étude a été publiée le 23 Avril 2015, pendant la session de la Commission Africaine.

'Le rapport établit clairement qu’assurer une protection effective des femmes défenseures des droits de l’homme en Afrique nécessite des actions concrètes et des mesures efficaces de la part des Etats', a dit Mme Pooja Patel, Responsable de programme à ISHR, qui présidait l’évènement.

'Ce rapport est trop important pour être ignoré par nos gouvernements. La Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples devrait adopter une résolution appelant les Etats africains à mettre en œuvre les recommandations de ce rapport', a exhorté Mme Kumichii.

L’étude a conclu que le cadre légal général pour la protection des femmes défenseures des droits de l’homme est 'inadéquat', indiquant que les lois existantes en Afrique sont souvent incompatibles avec les normes des droits de l’homme. Cependant, certains développements récents dans certains Etats africains sont des étapes positives et vont dans la bonne direction.

Mme Marthe Pédan Coulibaly de la Coalition Ivoirienne des Défenseurs des Droits Humains a souligné la nécessité d’une protection des femmes défenseures des droits de l’homme au travers d’un cadre juridique efficace. La loi Ivoirienne sur la Promotion et la Protection des Défenseurs des Droits de l’Homme possède une disposition spécifique reconnaissant les femmes défenseures des droits de l’homme.

'L’article 9 de la loi marque une grande avancée mais les défis demeurent en terme de mise en œuvre. Il est nécessaire qu’un décret décrive les modalités pour son application, par exemple un observatoire pour surveiller la mise en œuvre effective de cette disposition', a déclaré Mme Coulibaly.

Contact : Pooja Patel, ISHR, à [email protected]

Category:

Region
  • Africa
Topic
  • Human rights defenders
  • LGBT rights
  • Women's rights and WHRD
Mechanism
  • African Commission on Human and Peoples' Rights
  • ACHPR Special Rapporteur on HRDs