En plus de subir la discrimination et les infamies dont sont victimes les femmes ordinaires, les femmes autochtones africaines continuent d’être marginalisées et privées de la pleine reconnaissance et de la pleine protection de leurs droits. Le tant attendu Forum des institutions nationales des droits de l’Homme (INDH), organisé par le Réseau des institutions nationales africaines des droits de l’Homme (RINADH), s’est tenu les 8 et 9 avril 2021. Il a été l’occasion d’examiner le rôle des INDH dans la promotion de la réalisation des droits des femmes autochtones en Afrique. Le Forum a eu lieu en amont de la 68e session ordinaire de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (Commission Africaine). Les délibérations ont débouché sur un projet final de déclaration concernant les droits des femmes autochtones en Afrique qui sera soumis à la Commission Africaine.
L’objectif du Forum était de renforcer les capacités et les ressources des INDH africaines afin de leur permettre de suivre, de surveiller et d’influencer la mise en œuvre du Protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux droits des femmes en Afrique, mieux connu sous le nom de Protocole de Maputo, et les décisions régionales concernant les femmes en général et les femmes autochtones en particulier.
Les participant.es au Forum des INDH comprenaient 88 représentant.es d’INDH africaines, 2 représentant.es de gouvernements, 4 représentant.es de la Commission Africaine, 4 représentant.es de la Commission de l’Union Africaine, 11 représentant.es du HCDH, 38 représentant.es de la société civile, 2 représentant.es d’institutions académiques, 5 représentant.es de partenaires de développement et le secrétariat du RINADH.
Dans son discours d’ouverture, Elasto Mugwadi, Vice-Président du RINADH, a indiqué que seuls deux pays avaient rendu compte de leur mise en œuvre du Protocole de Maputo alors que ce dernier a pourtant été ratifié à 70 %. Il a prié les INDH de demander aux États de ratifier le Protocole de Maputo, mais également de faire rapport de son application. Marcel Akpovo, Directeur du Bureau régional de l’Afrique de l’Est du HCDH des Nations Unies, a ajouté que le Protocole de Maputo reflétait « la volonté politique, traduite en un instrument juridiquement contraignant en matière de droits de l’Homme pour garantir que les droits des femmes, y compris les droits culturels des femmes autochtones, soient dûment promus et protégés ».
Solomon Dersso, Président de la Commission Africaine, a indiqué que « la vertu d’un système des droits humains se mesurait à l’aune de l’attention qu’il portait aux plus vulnérables, catégorie à laquelle les femmes autochtones appartiennent sans conteste ». Il a ajouté que la situation des droits des femmes autochtones en Afrique se situait « à l’intersection entre la discrimination sexiste et la discrimination fondée sur l’appartenance à un groupe autochtone minoritaire et vulnérable » et devait être examinée comme telle.
Bernard Mogesa, Président de la Commission nationale des droits de l’Homme du Kenya (KNCHR), a également partagé les conclusions d’une importante étude sur les femmes défenseures des droits humains menée par la KNCHR, indiquant que le gouvernement du Kenya avait élaboré un modèle de politique et de plan d’action à l’intention des défenseur.es des droits humains. Ce modèle est en cours d’examen par le gouvernement kényan. S’il est adopté, il contribuera à protéger les droits des femmes défenseures dans tout le pays.
La 3e session du Forum des INDH, qui s’est tenue le 9 avril 2021, a été l’occasion de présenter et d’examiner le projet final de déclaration sur les droits des femmes autochtones en Afrique préparé pour la 68e session ordinaire de la Commission Africaine. Ont notamment été adoptées les recommandations suivantes :
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Contact: Adélaïde Etong Kame, [email protected], responsable du programme sur l'Afrique / Mainga Simoonga, [email protected], Fellow
Photo : ISHR